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Oscar Lucas gara sa voiture dans un emplacement réservé de l’hôpital militaire Walter-Reed et se dirigea à pas vifs vers une entrée latérale. Il parcourut un labyrinthe de couloirs pour arriver enfin devant une double porte gardée par un sergent des marines. Celui-ci vérifia soigneusement son identité puis le conduisit dans l’aile de l’hôpital où l’on pratiquait les autopsies délicates et secrètes. Lucas trouva la porte marquée LABORATOIRE et entra.

« J’espère que je ne vous ai pas fait trop attendre ? dit-il.

— Non, Oscar, répondit Alan Mercier, le conseiller à la Sécurité. Je viens juste d’arriver. »

Lucas examina la pièce. Il y avait là cinq personnes : le général Metcalf, Sam Emmett, Martin Brogan, Mercier et un petit homme trapu avec des lunettes qu’on lui présenta, le colonel Thomas Thornburg, directeur du service de pathologie comparative médico-légale.

« Maintenant que tout le monde est réuni, je vais vous montrer les résultats que nous avons obtenus », déclara le colonel d’une étrange voix de contralto.

Il s’avança vers une large vitre, derrière laquelle se dressait une énorme machine cylindrique ressemblant à une turbine, reliée à un générateur dont la moitié disparaissait dans le sol. Il y avait une ouverture circulaire et, juste devant, un cadavre allongé sur un support translucide.

« Un analyseur spatial, expliqua Thornburg. Il sert à explorer électroniquement le corps humain à l’aide de rayons X et fournit des images précises de chaque millimètre carré de tissu et d’os.

— Une sorte de scanner ? hasarda Brogan.

— Leur fonction est identique, mais cette sonde est infiniment plus performante. Nous pouvons faire n’importe quelle analyse en quelques secondes.

— Quelques secondes ? s’étonna le général Metcalf.

— Microsecondes, en réalité, reprit le colonel. Au lieu d’avoir à pratiquer une dissection, nous arrivons maintenant aux mêmes résultats presque instantanément.

— Et qu’avez-vous trouvé dans les corps retirés du fleuve ?

— Du conium maculatum, répondit Thornburg avec un sourire.

— Du quoi ? fit Lucas.

— Une plante de la famille du persil, expliqua le colonel. Plus communément appelée ciguë.

— Un mode d’exécution plutôt désuet, fit remarquer Metcalf.

— C’est vrai. La ciguë était très utilisée dans l’ancien temps. On se souvient que Socrate fut condamné à en boire. On s’en sert rarement de nos jours, mais elle n’en reste pas moins facile à se procurer et c’est un poison violent. Une bonne dose suffit à paralyser les fonctions respiratoires.

— Comment a-t-elle été administrée ? demanda Sam Emmett.

— Selon nos analyses, le poison a été ingéré par cet homme-là dans une glace à la menthe.

— La mort au dessert, murmura Mercier.

— Parmi les membres de l’équipage, huit ont avalé la ciguë avec la glace, quatre avec du café et un dans un soda.

— Et vous avez pu le déterminer sur des cadavres ayant séjourné cinq jours dans l’eau ? s’étonna Lucas.

— La décomposition, effectivement, commence dès la mort et se développe à partir des intestins et autres organes contenant des bactéries, expliqua le colonel. Le processus est très rapide en présence de l’air, mais quand le cadavre est immergé, il se trouve ralenti car le taux d’oxygène est beaucoup moins élevé. Le fait que les corps soient demeurés confinés dans un endroit clos a encore ajouté au facteur de préservation. Un noyé, par exemple, remonte à la surface au bout de quelques jours et la décomposition s’accélère au contact de l’air. Les cadavres que vous m’avez apportés sont, eux, restés dans l’eau jusqu’à une petite heure avant les autopsies.

— Le chef utilisait de drôles d’ingrédients dans sa cuisine, fit Metcalf.

— Pas le chef, rectifia Lucas. Le steward de la salle à manger.

— C’est le seul membre d’équipage porté manquant.

— Un imposteur, précisa le directeur de la C.I.A. Le véritable steward a probablement été assassiné et son cadavre dissimulé quelque part.

— Et les autres ? demanda Emmett.

— Les Asiatiques ?

— Oui. Ils ont été également empoisonnés ?

— Oui, mais pas de la même façon. Ils ont été tués par de minuscules fléchettes à fragmentation contenant un poison mortel synthétique.

— Ces types-là sont loin d’être des amateurs, fit Emmett.

— Effectivement, acquiesça Thornburg. C’est une méthode de professionnels. J’ai eu l’occasion de voir une fléchette semblable sur le cadavre d’un agent soviétique que Mr. Brogan m’a fait livrer il y a environ deux ans. Si je me souviens bien, le poison avait été injecté par un bio-inoculateur.

— Je ne connais pas ça, fit Lucas.

— C’est un pistolet électrique, expliqua le directeur de la C.I.A. avec un regard furieux en direction de Thornburg. Totalement silencieux et utilisé parfois par nos agents résidents.

— Alors, Martin, on laisse traîner ses armes secrètes dans tous les coins ? se moqua gentiment Mercier.

— Le modèle en question avait probablement été volé chez le fabricant, se défendit Brogan.

— A-t-on identifié les Asiatiques ? demanda Lucas.

— Ils n’ont pas de dossiers au F.B.I., reconnut Emmett.

— Ni à la C.I.A., ni à Interpol, ajouta Brogan. Et aucun service de renseignements parmi nos alliés asiatiques ne possède quoi que ce soit sur eux.

— Eh bien, messieurs, conclut Mercier, il semblerait que chaque piste débouche sur une nouvelle impasse. »

 

Panique à la Maison-Blanche
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